Pop Eye : la vidéo au service d'une confiance rétablie entre employeur et prestataire de service

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Parce qu'il n'est pas toujours aisé de trouver rapidement un prestataire ou un employeur dans le flux d'offres présentes sur Internet, la plateforme Pop Eye, fondée en 2018, donne la possibilité à chacun de faire sa propre publicité « maison », en format vidéo. L'objectif, créer un véritable lien de confiance entre le prestataire de service et la personne qui souhaite embaucher. Daniel Bessis, son CEO et co-fondateur, revient sur la création et les évolutions de cette application.

Affiches Parisiennes : Pouvez-vous nous présenter Pop Eye et les motivations qui ont mené à sa création ?

Daniel Bessis : Mon associé Norman El Haïk et moi même avons dû, comme des millions d'étudiants, cumuler plusieurs jobs étudiants, différentes casquettes pour gagner notre vie et financer nos études. Nous nous sommes très vite inscrits sur plusieurs sites de recherches d'emploi et ce fut un premier constat d'échec. En effet, il n'est pas évident de se mettre en avant sur ces sites, le parcours utilisateur est assez long et pénible et nécessite de fournir de nombreuses informations pour ne pouvoir décrire son profil qu'en quelques caractères et ne pas pouvoir réellement montrer qui l'on est.

Ensuite, on a très vite su que, du côté des familles en recherche de prestataires de services, il n'est pas évident de faire rentrer un inconnu chez soi, à partir d'une description écrite, dans le meilleur de cas accompagnée d'une photo. On s'est donc dit que l'on devait trouver un meilleur moyen, d'une part pour le prestataire de se différencier, et, d'une part, pour le client d'inspirer confiance. C'est la vidéo qui nous est apparue comme idéale pour servir cet objectif : une vidéo courte et dynamique, « pop », d'où le nom de Pop Eye.

Plus tard, j'ai eu l'occasion de travailler une année chez Google et je me suis rendu compte que l'outil de publicité en ligne n'était pas forcément adapté pour des PME qui souhaitaient faire leur publicité en ligne, en raison des limites liées au support, à savoir le texte, l'annonce textuelle, limitée à même pas deux lignes. Quand il s'agit de retranscrire l'essence de son activité, 80 caractères sont insuffisants. On a donc décidé de créer Pop Eye comme le nouveau moyen pour toutes et tous de faire sa publicité faite maison en vidéo sur son smartphone en 30 secondes.

L'application mobile est sortie en juin 2018 et depuis deux ans, nous avons trouvé du travail plus de 5 000 fois à nos prestataires en région parisienne.

A. - P. : D'un point de vue technique, comment fonctionne la plateforme ?

D. B. : Pop Eye a une activité principale grand public, en B2C, c'est-à-dire une marketplace 100 % vidéo qui met en relation des prestataires de services et des clients. Pour ça, c'est très simple, il suffit de télécharger l'application sur l'AppStore et le PlayStore. Ensuite, le prestataire de services tourne son annonce vidéo sur l'application, en 30 secondes. Après cela, s'enclenche une période de validation de 24 à 48 heures, car nous nous réservons le droit en interne de valider ou de refuser ces annonces, en fonction des références qu'on peut avoir de nos prestataires ou encore en fonction de la qualité de la vidéo qui est tournée.

Une fois la vidéo publiée sur la plateforme, les utilisateurs se connectent, accèdent aux différentes catégories qui sont disponibles et, en un clic sur la catégorie qui les intéresse, ont accès à un zapping d'annonces vidéo géolocalisées de prestataires de services autour d'eux. Il peut s'agir de baby-sitters, de DJs, de coachs sportifs ou encore de professeurs particuliers.

La plateforme permet également aux utilisateurs de suggérer eux mêmes de nouvelles catégories au sein de l'application car on s'est rendu compte que ces derniers se l'appropriaient totalement et souhaitaient faire de nouvelles suggestions.

Pop Eye est réellement un nouveau moyen de se mettre en avant, une sorte de carte de visite 100 % vidéo, 100 % digitale qui peut être facilement être repartagée pour de nombreuses recherches d'emploi.

La plateforme regroupe deux populations, des personnes qui cherchent du travail et qui postent leur annonce face à ceux qui recherchent une personne de confiance. On compte environ 4 000 utilisateurs actifs par mois.

A. - P. : Avez-vous déjà eu des retours de vos clients sur cette application ? Les avis sont-ils visibles sur la plateforme ?

D. B. : Oui, il est possible de laisser des avis et des commentaires, qu'ils soient écrits ou en vidéo. Nous suivons de très près les missions qui sont réalisées par nos prestataires et pour l'instant, les retours sont positifs. On a un taux de satisfaction qui est très important et on espère continuer comme cela. Ça marche parce que la vidéo inspire confiance, parce qu'elle permet un rapport plus authentique, en face à face. Voir une personne parler permet de faire tomber certaines barrières, de voir certaines choses qui sont imperceptibles à travers le texte ou l'image. Et le feeling qui en ressort permet de faire gagner du temps.

A. - P. : Comment avez-vous réussi à faire connaître Pop Eye, aussi bien chez les particuliers que les entreprises ?

D. B. : Le début a sans doute été le plus difficile, lorsqu'il s'agissait de convaincre des gens de présenter leurs services en vidéo alors que la plateforme n'était pas encore sortie. Mais on est parvenu à avoir, dès la sortie de l'application, une centaine d'annonces postées. Ensuite, il y a eu beaucoup de bouche-à-oreille. En effet, le concept est simple à expliquer, à comprendre et il est pratique, tant pour les prestataires que pour les clients.

Parallèlement, nous avons mené des actions de marketing, plus ou moins grand public. Nous avons réalisé plusieurs partenariats avec des grandes écoles mais également avec Apple, qui nous a permis de bénéficier de plus de visibilité sur l'AppStore, ainsi qu'avec JC Decaux, avec qui nous avons organisé une campagne de visibilité en mobilier urbain.

A. - P. : Quelles sont les actions menées par Pop Eye dans son aspect B2B ?

D. B. : Au-delà de la mission de Pop Eye pour le grand public, nous partageons la vision que la vidéo permet de mieux vendre et de mieux convertir parce qu'elle rassure. Notre conviction, c'est que l'on a un rôle à jouer dans l'accompagnement d'agences qui cherchent à mieux vendre les prestations de leurs intervenants. Dans ce cadre, depuis un an, nous en accompagnons plusieurs, principalement des agences de services à la personne, mais aussi des agences événementielles ou des cabinets de consultants, dans la présentation de leurs intervenants.

Pour ce faire, nous proposons notre solution en SaaS, nous vendons notre logiciel en marque blanche ou en marque grise, pour leur permettre de rajouter aux présentations de leurs intervenants des portraits vidéo. Grâce à nous, elles peuvent alors proposer à leurs clients un choix d'intervenants par la vidéo. Nous leur proposons une véritable solution clef en main, on met à leur disposition une interface dédiée. On se rend compte que les directeurs d'agence obtiennent de meilleurs résultats avec ces présentations vidéo.

Il s'agit vraiment une solution « gagnant-gagnant-gagnant » parce que, d'une part, ils peuvent mettre en avant leur marque employeur à des fins de communication interne comme externe et sont fiers de valoriser leurs employés puisque ce sont eux qui créent la valeur au sein de l'entreprise et, d'autre part, leurs clients ont une expérience utilisateur qui est largement favorisée.

A. - P. : On peut donc dire que la confiance qui lie le client et le prestataire est le socle sur lequel s'est construite l'application ?

D. B. : Tout à fait. Avant, pour recruter un intervenant, il fallait un entretien, qui nécessitait un déplacement et parfois une perte de temps. Or, il est ressorti de l'étude de marché que nous avons réalisé sur un panel de 200 familles franciliennes que deux ou trois minutes d'entretien suffisaient à se faire une opinion sur le prestataire. L'idée est d'avoir une validation en amont grâce à la présentation vidéo et de ne rencontrer que les personnes avec qui le feeling a été bon. Les entretiens qui s'en suivent sont donc plus qualitatifs.

A. - P. : Avez-vous des projets en cours ou à plus long terme ?

D. B. : Nous développons actuellement un trombinoscope vidéo pour entreprise. C'est une solution RH d'intégration, via une autre application de Pop Eye, toujours selon l'idée de rassurer et de créer du lien grâce à la vidéo. On s'intéresse plutôt aux soucis d'intégration au sein de l'entreprise lors de premiers jours ou semaines, où il peut être compliqué de mettre des visages sur les noms et les postes. C'est d'autant plus vrai pour ceux qui ont pu intégrer une entreprise ces trois derniers mois et qui n'ont pas pu rencontrer physiquement leurs collègues à cause du confinement.

Techniquement, dès votre premier jour, le service RH vous envoie un code d'accès à l'application Pop Eye, qui offre une interface dédiée à votre entreprise. A la place des catégories présentes sur l'application grand public, ce sont les différents départements de l'entreprise qui y sont répertoriés. En cliquant dessus, il est possible de retrouver les présentations vidéos de tous les collègues.

A. P. : Quel est le rayonnement géographique couvert par l'application ? Et avez-vous pour objectif de vous déployer à plus grande échelle ?

D. B. : Actuellement nous sommes présents sur les grandes villes. Nous avons commencé notre activité en région parisienne mais ces derniers mois, nous avons démarré notre activité dans des grandes villes comme Montpellier, Perpignan, Marseille et Lyon également. On répond à un problème qui n'est pas uniquement parisien et le but est de nous rendre disponible très vite sur toutes les grandes villes de France, mais aussi en province, et au-delà du territoire français, nous avons lancé un prototype de notre application à Berlin, en Allemagne et à Milan, en Italie. L'objectif étant de nous rendre disponible partout en Europe d'ici les trois prochaines années.